Premier vendredi spirituel Carême 2019 au Trévoux

Vendredi 8 mars 2019 :

"le sens du jeûne",

soirée conduite par le Père Guillaume Croguennec

"Des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront » (Mt 9, 14-15)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 

En ce temps-là,

les disciples de Jean le Baptiste s’approchèrent de Jésus

en disant :

« Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons,

tes disciples ne jeûnent-ils pas ? »

Jésus leur répondit :

« Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil

pendant le temps où l’Époux est avec eux ?

Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ;

alors ils jeûneront. »

Commentaire

 

Frères et sœurs,

C’est un peu agaçant, vous ne trouvez pas ? Ceux qui ne connaissent pas notre foi, nos traditions, notre fonctionnement, ce qui constitue l’essentiel de nos vies, se permettent de juger nos actes ou nos paroles, sans savoir ! je me souviens d’une auditrice d’une radio nationale qui se disait athée et qui estimait que l’argent que l’Eglise catholique consacre à la catéchèse était scandaleux, cet argent serait mieux employé à aider les pauvres. Ou encore cette ministre qui, tout récemment, a demandé à l’Église de mettre ses locaux à la disposition des sans-abris. Comme si l’Eglise avait attendu un ordre ministériel après deux mille ans d’histoire pour commencer à s’occuper des pauvres…

        C’est peut-être un peu agaçant, en effet, mais c’est sans doute aussi salutaire pour nous ! Ces reproches, ou ces questions parfois embarrassantes, sont pour nous autant d’occasions de réfléchir à la vérité de notre foi, à la justesse de nos actes, à la pertinence de nos paroles. 

« Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, alors que nous, nous jeûnons ? » En ce temps de carême, il y a bien des personnes qui pourraient nous poser la question inverse : « pourquoi jeûnez-vous ? » Si nous leur répondons avec les mots de Jésus, il y a peu de chances que nous soyons compris : « parce que l’Époux nous a été enlevé ». Ça nécessiterait un long développement, et ça ferait appel à un minimum de connaissances de notre foi que tous nos contemporains n’ont pas. 

        Et puis, dans la réponse de Jésus, il est question de faire pénitence. Jeûner, c’est faire pénitence. Pas sûr non-plus que cette piste de réponse soit adaptée au questionnement de nos contemporains.

        Et pourtant, le temps du carême est bien un temps où il est demandé aux chrétiens de jeûner. Alors, pourquoi jeûner ?

        Vous connaissez sans doute une multitude de raisons qui expliquent le sens du jeûne. Jeûner, c’est se priver pour mieux comprendre ceux qui n’ont pas à manger. Jeûner, c’est se faire solidaire avec les affamés. Jeûner, c’est retrouver le sens du sacrifice. C’est prendre du recul sur ce que je possède, ce que je consomme. Tout cela est vrai. Mais il y a aussi une signification spirituelle au jeûne. Jésus, dans ce même évangile de Matthieu, nous dit qu’« il y a des démons qui ne se chassent que par le jeûne et la prière ». C’est au chapitre 17. Le jeûne est un combat. Pas seulement un combat physique contre les tentations bien humaines que sont notre appétit de pouvoir et de possession, mais un combat spirituel contre le mal. Dans la Bible, le jeûne tient une grande place dans ce combat spirituel contre Satan et ses démons. Sans doute avons-nous, nous aussi à nous préoccuper de la place que nous laissons au mal dans notre quotidien.

Mais alors qu’est-ce que ce jeûne qui rend l’Époux toujours présent et transforme notre quotidien en ce temps de Noces ? N’est-ce pas ceci : défaire les chaînes injustes, délier les liens des jougs, renvoyer libres les opprimés ?

N’est-ce pas partager le pain avec l’affamé, héberger chez soi les pauvres sans abris, ne pas nous dérober devant celui qui est notre propre chair ?

C’est un jeûne de miséricorde que le Seigneur nous demande. C’est un appel à être des missionnaires de la Miséricorde, signe de la présence de Dieu et de son pardon, signe que le Royaume de Dieu est là.

C’est le temps, frères et sœurs, de sortir de nos aliénations, de nos jugements, pour pénétrer le cœur de l’Evangile, pour être à l’écoute du Dieu de Jésus le Christ, qui vient nous visiter au cœur de notre humanité pour que notre vie soit ce pain partagé pour que notre frère et notre sœur, quel que soit sa couleur de peau ou sa langue, vive.